Les logements sociaux, urgence numéro 1, sauf pour le gouvernement

Le loyer moyen pour un appartement de deux chambres s’élève maintenant à 967 $ par mois.

Alors que 6885 ménages locataires consacrent 80% de leur revenu ou plus à se loger dans la région de Québec, les organismes communautaires et l’opposition municipale tirent la sonnette d’alarme face au manque de financement des logements sociaux.


En 2020, dans sa Vision de l’habitation, la Ville de Québec promettait la construction de 500 logements sociaux et communautaires par an jusqu’en 2025. 

Deux ans plus tard, elle est loin d’avoir atteint son objectif, puisque seulement 550 logements sociaux ont été construits lors des trois dernières années, «à peine le tiers de son objectif annuel, qui n’est déjà pas suffisant», déplore la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) Véronique Laflamme. 

Le manque de financement des programmes comme AccèsLogis ou le Programme d’habitation abordable Québec (PHAC) de la part du gouvernement de la CAQ serait la cause principale de cet échec, d’après Mme Laflamme. «Les gouvernements qui ont précédé la CAQ promettaient plus d’unités de budget pour la construction de logements sociaux, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Pourtant, c’est l’urgence numéro 1».

La porte-parole du FRAPRU est certaine que les logements sociaux pourraient être l’une des solutions de la crise immobilière vécue par la province. Selon Statistique Canada, le taux d'inoccupation des logements dans les quartiers de la Basse-Ville de Québec avoisine les 1,5%, tandis qu’il est de 2,5% dans l’ensemble de la ville. 

Ces statistiques restent à nuancer, selon la directrice générale de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches, Isabelle Genest.

Malgré l’absence de financement du programme ces dernières années, certains projets prévus de longue date devraient voir le jour dans les prochains mois, a indiqué le FRAPRU. Des logements sans but lucratif devraient également sortir de terre grâce aux fonds fédéraux de l'initiative de création rapide de logements. 

Le Programme d’habitation abordable Québec (PHAC), de son côté, devrait permettre la création de 66 unités de logements sociaux dans la capitale, à travers le financement de deux projets. 

Programmes de financement moins adaptés

En plus des difficultés de financement, Véronique Laflamme déplore le manque d’attention porté au programme AccèsLogis par le gouvernement actuel. Pourtant privilégié par la Ville de Québec, «il ne prend pas en compte les nouvelles réalités du marché de l’immobilier et de la construction», déplore la porte-parole du FRAPRU, qui se refuse malgré tout à le qualifier de désuet.

Par l’entremise du ministère de l’Habitation, la CAQ avait annoncé pendant son premier mandat qu’AccèsLogis devrait être amélioré. Mais en 2022, «il est de plus en plus difficile de travailler dedans», d’après Madame Laflamme.

Le FRAPRU espère, malgré tout, voir le programme être remis au goût du jour, avec l’ajout de certains volets que l’organisme considère comme essentiels, comme celui pour des acquisitions d’immeubles. Cet ajout permettrait de limiter les rachats d’immeubles à bas coût par des particuliers et limiterait ainsi les risques de rénoviction et de hausse des loyers. 

Le programme AccèsLogis, mis en place il y a plus de 25 ans, favorise le regroupement des ressources publiques, communautaires et privées, afin de réaliser des logements communautaires et abordables pour des ménages à revenu faible ou modeste et pour des personnes ayant des besoins particuliers en habitation.

La Ville doit agir

Mais si la question du manque de financement est principalement du ressort du gouvernement, ce n’est pas pour autant que l’administration municipale ne peut pas agir. «Le maire doit interpeller le gouvernement, comme d’autres villes l’ont fait», réclame Véronique Laflamme. 

Surtout que le temps presse, selon elle. 

De son côté, la cheffe de Transition Québec Jackie Smith a tenu une conférence de presse mercredi matin à l’hôtel de Ville. L’élue a profité de l’occasion pour pousser le maire Bruno Marchand à s’attaquer à la crise du logement, en fustigeant les piètres résultats de l’administration en matière de logements sociaux. 

D’après Mme Smith, la Ville «doit démontrer de l’initiative et du leadership en négociant des ententes avec le privé ou en imposant des mesures contraignantes pour bonifier l’offre».