Lettre ouverte au Conseil du trésor

POINT DE VUE / Alors que l’inflation fait du surplace entre 6 et 7%, on apprend que le Conseil du Trésor refuse d’indexer les subventions des groupes communautaires en défense collective des droits. Il s’agit d’une erreur grave qui doit être corrigée dès la mise à jour économique attendue sous peu.


Qui sont ces groupes de défenses collectives des droits?

La défense collective des droits est un secteur de l’action communautaire autonome (ACA) dont la mission est de venir en aide aux personnes dont les droits sont fragilisés, que ce soit de par leur situation économique ou parce qu’elles subissent des discriminations. Ce sont les comités des citoyen-ne-s, les groupes d’aide aux locataires, aux consommateurs-trices, aux chômeurs-ses, etc.

Au cours des cinq dernières années, le secteur de la défense de droits, rassemblant environ 10% des groupes d’ACA, a réussi au prix de fortes mobilisations à arracher quelques améliorations de son financement. Bien que les groupes doivent toujours composer avec un sous-financement chronique, ils ont profité de ces gains pour consolider leurs équipes de travail, adapter leurs locaux ou souligner d’une façon plus convenable le travail des bénévoles.

Rappelons que les groupes de défense de droits sont financés via un protocole d’entente de quatre ans qui fixe les règles du jeu et, surtout, le montant de la subvention qui leur sera versée. Pour la presque totalité des groupes, cette subvention varie entre 75 000$ et 125 000$. Cette somme est dérisoire pour verser les salaires, payer le loyer, le téléphone et les multiples activités et services offerts par ces groupes. Sous-financés, ces organismes doivent compter sur le financement provenant de projets ponctuels, de fondations, d’organisations privées, ce qui gruge temps et énergie et ne permet pas une réelle autonomie des organismes.

En juin dernier, le dépôt par le gouvernement du Plan d’action gouvernemental sur l’action communautaire (PAGAC) permettait une majoration des subventions de quelques milliers de dollars. Ces sommes ont fondu aussi vite que neige au soleil, emportées par l’inflation. Il faut dire que la crise de la main-d’œuvre frappe fort pour un secteur où les conditions de travail ne sont nullement à la hauteur du travail accompli. En effet, les employé-e-s des groupes de défense de droits, majoritairement des femmes, cumulent des tâches qui, dans le réseau public, méritent un salaire parfois deux à trois fois plus élevé. Comme c’est le cas pour l’ensemble de l’ACA, le gouvernement fait une très bonne affaire, y trouvant un moyen idéal pour déléguer des services à la population sans trop piger dans ses poches.

L’indexation, une question de gros bon sens

Le gouvernement a souvent considéré nos demandes comme démesurées; cette fois on lui demande simplement de ne pas appauvrir les groupes en indexant nos subventions comme il le fait pour d’autres secteurs de l’ACA. Il nous semble que le premier ministre et le Conseil du trésor devraient être à même de faire le calcul qui relève du gros bon sens.

Signataires:

  1. Vania Wright-Larin, Regroupement d’éducation populaire en action communautaire de Québec et Chaudière-Appalaches
  2. Anne-Valérie Lemieux Breton, Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale
  3. Yves Carrier, Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert
  4. Sarah-Jane Ouellet, Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur
  5. Nicole Dionne, Bureau d’animation et information logement du Québec Métro
  6. Selma Lavoie, Action chômage de Québec
  7. Dominique Salgado, Comité d’action des personnes vivant des situations de handicap CAPVISH
  8. Francine Hamel, ACEF de Québec
  9. William Demers, Association de défense des droits sociaux de la Rive-Sud
  10. Rosalie Audet-Paradis, ACEF-ABE
  11. Vincent Baillargeon, Comité populaire Saint-Jean-Baptiste
  12. Sabryna Boulanger, Clinique Droit de cité
  13. Lydia Monmart, GRAPE
  14. Marie-Ève Picard, Aide aux travailleurs accidentés
  15. Julie Brassard, Mouvement action-chômage de Charlevoix
  16. Aline Ratté, Centre d’information et de recherche en consommation de Charlevoix-ouest
  17. Mélanie Pinault, AQDR Lévis-Rive-Sud
  18. Danielle Lambert, Association pour la défense des droits sociaux Québec métropolitain
  19. Marie-Soleil Gagné, Accès transports viables
  20. Michel Aubut, Mouvement Personne d’abord du Québec métropolitain
  21. Francois Boudreau, AQDR Montmagny-L’Islet
  22. Maxim Fortin, Ligue des droits et libertés, section de Québec