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22-06-2023

Pour plusieurs, c’est une sortie banale : aller prendre un café au centre commer­cial pour socialiser, observer la faune urbaine, faire quelques emplettes. Mais pour certaines person­nes vivant avec un handicap, cela ne va pas de soi.

En 2011, on annonce la revita­li­sation du centre com­­mer­cial Alexis Nihon, à Montréal. La professeure à l’École de physiothérapie et d’ergothérapie de l’Université McGill Eva Kehayia et la directrice de l’École de réadaptation de l’Université de Montréal, Bonnie Swaine, y voient une occasion à saisir. Avec des collègues du Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation du Montréal métropolitain, dont elles sont les codirectrices scientifiques, les chercheuses imaginent un chantier à la fine pointe des connaissances scientifiques pour rendre le centre commercial inclusif et accessible à tout le monde.

Comment ? En réunissant toutes les parties prenantes : le propriétaire des lieux, FPI Cominar, bien sûr, mais aussi des clientes et clients réguliers, des personnes vivant avec une déficience physique, les responsables des commerces et des scientifiques. Les aménagements réalisés grâce à tout ce beau monde concernent tant l’ajout de rampes d’accès et de toilettes familiales que le remplacement des tuiles du plancher par un revêtement moins éblouissant, pour faciliter l’orientation des personnes ayant des limitations visuelles.

Isabelle Ducharme a participé aux concertations. Elle fréquentait régulièrement la place Alexis Nihon, jusqu’à ce qu’un accident de la route la rende tétraplégique, en 1988. À partir de ce moment, elle s’est heurtée à divers obstacles pour accéder au lieu avec son fauteuil roulant motorisé.

Celle qui est aujourd’hui présidente du conseil d’administration de Kéroul, un organisme à but non lucratif qui vise à rendre le tourisme et la culture accessibles aux personnes à capacité physique restreinte, souligne le sérieux de la démarche pour rendre le centre commercial plus inclusif. « Parfois, [dans les projets d’accessibilité,] on planifie où mettre les boutons d’ouvre-porte pour qu’ils soient à la bonne place pour tous et c’est tout, dénonce-t-elle. À Alexis Nihon, il y a eu l’avant, le pendant et l’après. [Les scientifiques] n’ont pas juste dit : “voici ce que vous devriez faire en fonction de la littérature”. Toutes les étapes ont été bien pensées, bien établies. La démarche permettait de faire quelque chose de concret et qui serait là pour durer. »

La preuve : si 6 % de la clientèle était à mobilité réduite avant le projet, ce taux est passé à 23 %, signe du besoin qui existait, a noté l’équipe de recherche. Bien qu’elle-même ne fréquente plus le centre commercial aussi assidûment en raison d’un déménagement dans l’est de la ville, Isabelle Ducharme est heureuse de constater que les suggestions du groupe servent aujourd’hui de modèle partout dans le monde.

Les centres financés par le FRQ-S sont des catalyseurs de recherche de pointe, des lieux de formation aux études supérieures et des plateformes de transfert des connaissances et des technologies vers les services de santé.

En partenariat avec le Fonds de recherche du Québec – Santé.

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