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La première dame: arme insoupçonnée

La vie d’Olena Zelenska et de son mari Volodymyr Zelensky a changé brusquement depuis leur arrivée en politique en 2019, mais encore plus depuis l’invasion russe, où la première dame de l’Ukraine apparaît de plus en plus impliquée sur les réseaux sociaux.

Photo tirée de Facebook

La vie d’Olena Zelenska et de son mari Volodymyr Zelensky a changé brusquement depuis leur arrivée en politique en 2019, mais encore plus depuis l’invasion russe, où la première dame de l’Ukraine apparaît de plus en plus impliquée sur les réseaux sociaux.

D’épouse plutôt réservée à première dame courageuse, Olena Zelenska joue un rôle de plus en plus important dans la guerre de l’information aux côtés de son mari, le président Volodymyr Zelensky. Pendant que des milliers de femmes ont pris les armes dans les rues de Kyïv ou de Marioupol, la femme de 44 ans s’active sur le champ de bataille numérique pour attirer l’attention du monde entier sur les horreurs et les victimes de la guerre. 

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Capture d'écran, Instagram d’Olena Zelenska

De la fiction à une nouvelle réalité  

Comme c’est le cas pour son mari Volodymyr Zelensky, rien ne destinait Olena Zelenska, née Kyashko, à la vie politique. 

Étudiante en architecture, elle a fait le choix de suivre celui qu’elle aimait dans sa carrière de comédien, devenant scénariste au sein de la boîte de production Kvartal 95, fondée par Zelensky. 

Le couple transforme la fiction en réalité alors que Volodymyr Zelensky choisit de se lancer dans la course à la présidence après le succès populaire de « Serviteur du peuple », où il jouait un professeur qui devient président ukrainien. « Je n’étais pas très heureuse quand j’ai réalisé quels étaient les plans. Je réalisais que toute notre vie allait changer », confiait d’ailleurs la nouvelle première dame dans une entrevue avec Vogue Ukraine, quelques mois après le début de sa nouvelle vie. 

« Notre nouvelle réalité exige ses propres règles et j’essaie de m’y conformer », ajoutait-elle, ne se doutant jamais à quel point cette réalité finirait par s’assombrir.

Image de force et de courage    

Près de trois ans après l’entrée de son mari au Parlement, en pleine invasion russe, Olena Zelenska n’a plus rien de la première dame réservée qui fait avancer ses dossiers en arrière-scène. « Aujourd’hui, je ne paniquerai pas et je ne pleurerai pas. Je serai calme et confiante », a-t-elle écrit sur ses réseaux sociaux le 24 février. 

Et depuis, elle n’a pas quitté le pays. « Du moment où elle aurait quitté, ç’aurait été l’acceptation de la défaite. 

Or, elle montre qu’elle est prête à mettre sa vie en danger, qu’elle résiste », analyse Mireille Lalancette, professeure en communication sociale à l’UQTR et spécialiste de la communication politique.

Efficace sur un nouveau théâtre d’opérations    

Lettre ouverte aux médias, publications sur la mort de nombreux enfants accompagnées de photos émouvantes, appels directs à la communauté internationale et aux pays de l’OTAN, Olena Zelenska utilise à plein régime la force des réseaux sociaux. 

Si son mari y apparaît comme une figure quasi guerrière, vêtu en permanence de son t-shirt militaire, la première dame y incarne plutôt les victimes collatérales de la guerre, une stratégie de complémentarité efficace. « Elle parle à des publics différents. Elle peut rejoindre des gens qui ne s’intéressent pas à la politique en temps normal. [...] Tout ça peut avoir un impact sur l’aide internationale, sur la collecte de fonds, sur la perception et la mobilisation d’un autre public à la guerre », estime Mme Lalancette, notant l’efficacité des publications d’Olena Zelenska, « appelant aux émotions ». 

Sur ce nouveau théâtre numérique, force est d’admettre que les Ukrainiens ont les devants, selon les experts, notamment grâce à la première dame, qualifiée « d’arme secrète » par le quotidien britannique The Telegraph. « Dans la mise en scène et les perspectives propagandistes, les symboles sont réfléchis et ne sont jamais anodins, ajoute Simon Thibault, professeur au département de sciences politiques de l’Université de Montréal. Il y a clairement une volonté de remonter le moral de la population en disant :“Regardez, nous sommes là et nous n’avons pas peur”. »

Un précédent pour les premières dames?    

Olena Zelenska

Photo courtoisie

Olena Zelenska

Alors que le rôle est joué habituellement dans l’ombre du président, la place grandissante qu’occupe Olena Zelenska pourrait créer un précédent. 

« En temps normal, c’est un rôle d’appui, un travail de support, de porteuse de cause majoritairement sociale et ce n’est pas partout où le rôle est bien défini comme aux États-Unis », remarque Mireille Lalancette. « Mais dans le contexte actuel, elle ne pouvait tout simplement pas rester à l’arrière-scène, et on voit que même si elle se disait plutôt à l’écart, elle embrasse ce rôle. » 

Celui-ci pourrait être appelé à prendre encore plus d’importance vu les résultats et la visibilité que Zelenska a donnée au pays, notamment aux victimes innocentes. « À partir du moment où on voit qu’il y a de l’intérêt pour sa prise de parole, c’est sûr qu’on va s’en servir dans la bataille de l’information », estime Simon Thibault, expert en communication politique. 

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